Il y a un temps pour tout. La maturité ne s’achète pas, elle est. C’est comme la découverte des Planètes. Quand on est capable de voir, alors on voit ce qui existait de tout Temps, mais que notre perception n’était pas encore prête à reconnaître.
Né à Cheltenham (Royaume-Uni) le 21 septembre 1874 à 16 h 24, Gustav Holst suit des études de pianiste et d’organiste au Royal College of Music de Londres. Il étudie le trombone qu’il pratique dans divers orchestres londoniens jusqu’en 1905. Puis il est nommé directeur musical à St. Paul’s Girls’ School et responsable de la musique au Morley College de Londres, postes qu'il gardera jusqu’à la fin de sa vie.
Personnalité étonnante pour l'époque, il s'intéresse à la philosophie orientale et apprend le sanskrit. En 1914, il commence à travailler une suite pour orchestre "Les Planètes", qu'il présenta deux ans plus tard et achevera en 1917. C'est surtout grace à cette oeuvre que l'on connait Holst encore aujourd'ui.
Après avoir composé de nombreuses oeuvres vocales, domaine qu'il maitrise particulièrement bien, sa vie s'achève à Londres le 25 mai 1934. Il fut avec Edward Elgar, l’une des figures dominantes de la musique anglaise de la première moitié du 20ème siècle.
Lorsque Holst termina Les Planètes en 1916, rien d'aussi avancé n'existait encore dans la musique anglaise. C'est vers l'Europe continentale qu'il fallait se tourner pour trouver des partitions d'une audace comparable, la Salomé de Richard Strauss, Le Sacre du printemps de Stravinsky ou la Suite scythe de Prokofiev par exemple. La musique de Holst a ceci de commun avec toutes ces oeuvres qu'elle s'emploie à élargir le domaine d'expressivité de la musique et à admettre des sources d'inspiration extramusicales jusqu'alors inexploitées : le cosmos (pensons à Scriabine dans son Prométhée et dans son projet d'Univers), le mysticisme et les mythes païens, l'occultisme, les philosophies orientales, la nature brute, l'homme primitif et les forces impénétrables qui gouvernent le monde. Dans la musique, tous ces thèmes commencèrent d'être explorés systématiquement pour la première fois au début du vingtième siècle, et la suite Les Planètes constitue l'une des oeuvres-clé de cette tendance.
Dès le début de sa carrière, Holst s'intéressa à des sujets exotiques de ce type. Lorsqu'il était étudiant, il découvrit la littérature et la philosophie hindoues, et il mit en musique ses propres traductions de textes sanscrits dans plusieurs de ses premiers cycles de chants. Ce furent les mises en musique de poèmes du Rig Veda qui impressionnèrent le plus Cliflord Bax, le frère du compositeur Arnold Bax, lorsqu'il rencontra Gustav Holst pour la première fois en 1913. Bax fit découvrir à ce dernier le domaine de l'astrologie, que Holst trouva immédiatement fort suggestif; et c'est ainsi que le compositeur eut l'idée d'écrire Les Planètes.
Durant la période d'élaboration de l'oeuvre (1914-1916), il étudia avec soin l'astrologie, devint un interprète habile des horoscopes et eut plaisir à souligner, par la suite, que c'était le caractère astrologique de chaque planète qu'il se proposait d'exprimer beaucoup plus que des associations mythologiques.
21 septembre 1874 à 16h24 à Cheltenham (Royaume-Uni)
Soleil en 28°29 Vierge, AS en 6°21 Verseau,
Lune en 1°14 Verseau, MC en 6°11 Sagittaire
On peu noter dans le signe solaire du thème de naissance de Gustav Holst, une conjonction très serré entre l'astéroïde Apollo, le dieu des arts, surtout de la poésie et de la musique et l'astéroïdes Urania, muse qui préside à l'astronomie, et considéré par Jean Billon comme étant l'astéroïde de l'astrologie pratique et des astrologues.
Le dieu solaire Apollon et la muse Uranie
La période de gestation du morceau fut longue du fait que Holst employait une bonne partie de son temps à enseigner à l'Ecole de filles Saint-Paul.
Mais en dépit des privations dues à la guerre, Les Planètes furent jouées pour la première fois, en privé, par le Queen's Hall Orchestra sous la direction d'Adrian Boult le 29 septembre 1918; c'est Balfour Gardiner qui organisa cette soirée pour témoigner de son amitié envers le compositeur. La première interprétation en public (mais incomplète) suivit peu après, en février 1919, et bien que les débuts de l'oeuvre aient été marqués par des interprétations fragmentaires de tel ou tel mouvement, Les Planètes ne tardèrent pas à devenir l'oeuvre la plus populaire de l’auteur. Il s'agit là d'une partition très représentative du style de Holst dans son mélange d'austérité et de sensualité. "Mars, le belliqueux" était déjà terminés au début de l'été de 1914, alors que le cataclysme imminent ne pouvait encore être que présagé; et pourtant, le romancier Henry Williamson, dont la vie entière fut profondément bouleversée par les épreuves qu'il subit au cours de la Grande Guerre, devait déclarer que c'était là la musique « d'un homme qui connaissait la question ».
Dans « Vénus, la pacifique », Holst lance un regard nostalgique vers le wagnérisme de sa jeunesse mais, dans « Mercure, le messager ailé », nous pénétrons dans l'univers sonore éthéré des impressionnistes; l'écriture musicale y procède par petites touches, par traits légers. "Jupiter, le jovial" est le seul mouvement qui témoigne de l'affection de Holst pour les chants et les danses du folklore anglais. Dans "Saturne, le vieillard", une procession serpente inlassablement vers son but, où une délicieuse surprise nous attend. Avec son atmosphère fantasmagorique, "Uranus, le magicien" peut faire penser à une version cauchemardesque de L'Apprenti sorcier de Dukas. "Neptune, le mystique", quant à lui, ne peut vraiment se comparer à aucune autre musique. Exemple parfait d'impressionnisme à l'état pur, avec son étonnante atmosphère d'immensité vide, c'est l'une des plus imposantes évocations de l'infini jamais tentées.
Les corps célestes fascinent l’humain depuis la nuit des temps. Il était donc inévitable que parmi les nombreuses interprétations engendrées par tout le mystère qui les entourent, on compte des réalisations artistiques, dont des œuvres musicales. Composée entre 1914 et 1917, Les Planètes de Gustav Holst a été créée le 15 novembre 1920. L’originalité, l’inspiration et la puissance de cet ouvrage sont telles que les auditeurs ont souvent tenté de trouver un ouvrage semblable dans le catalogue du compositeur. Mais en vain puisque malgré sa grande popularité Les Planètes demeure atypique dans l’ensemble de son oeuvre.
VIDEO DU CONCERT COMPLET DONNÉ PAR
LE « NATIONAL YOUTH ORCHESTRA »,
INCLUNT L'AJOUT D'UN OEUVRE AYANT COMME THÈME PLUTON
- THE RENEWER -
par Colin Matthews
Mars
Le Porteur de la Guerre
Mars représente la nature brutale, insensible et inhumaine de la guerre. Un rythme implacable (dans une mesure non conventionnelle à 5/4 et introduit dès les premières mesures) se fait entendre pendant tout le mouvement.
Venus
La Porteuse de la Paix
Cette page fait entendre une musique calme aux rythmes prévisibles et aux teintes pastel.
Mercure
Le Messager Ailé
Mercure réanime l’atmosphère dans un mouvement aux couleurs scintillantes, où miroitent différentes nuances d’ombre et de lumière.
Pour l’astrologue Noel Tye, « Jupiter symbolise l’expansivité, l’enthousiasme, la connaissance et l’honneur ».
Évoquant un gaillard bien en chair qui sait profiter pleinement de la vie, le « Jupiter » de Holst correspond tout à fait à cette description.
Saturne
Le Porteur de Vieillesse
À la manière du balancement inexorable de quelque horloge cosmique, flûtes (quatre en tout, dont une flûte basse) et harpes marquent le passage incessant du temps.
Ce mouvement, que Holst préférait entre tous, évoque le désespoir et la lassitude, puis l’effroi.
Uranus
Le Magicien
Dans le domaine de l’astrologie, Uranus gouverne les astrologues eux-mêmes. Il règne également sur les inventeurs. L’auditeur peut donc se permettre d’imaginer ici la mise en musique d’un scénario mettant en scène un « apprenti sorcier » rageant dans son laboratoire. Le motif de quatre notes, d’abord énoncé par les trompettes et les trombones, puis, deux fois plus vite, par les tubas et, quatre fois plus vite, aux timbales, dominera tout le mouvement.
Neptune
Le Mystique
Holst nous transporte enfin vers Neptune, la planète la plus éloignée du système solaire tel qu’il le connaissait (la découverte de Pluton ne date que de 1930). Presque dénuée de teneur mélodique et, par moments, de pulsation rythmique, cette musique, exécutée pianissimo de part en part, se voit conférée tantôt une irréelle beauté, tantôt un caractère mystérieusement intense. La présence d’un chœur de femmes sans paroles (placé idéalement en coulisse) vient ajouter à la froideur du sentiment qui envahit souvent celui ou celle qui contemple l’immensité de l’espace.